Une descente

J’éprouve le sentiment que je perds toute vigueur, tout intérêt pour la vie. Aujourd’hui je suis descendue les escaliers d’une station de métro en rentrant chez moi, je pensais à comment je me suis retrouvée dans ma position actuelle dans la vie.

    I felt as if I was falling forever
    Not quickly, but I am definitely going down down down and I know that nothing, nothing can stop me
    But I try sometimes to, think in myself "Well this is lovely you should be enjoying this" but I'm so panic stricken
    I know this is the end and I've finished and I'm just sinking, sinking into this great big black void

En 2023, j’ai écrit à propos d’une errance d’esprit quant aux prochaines étapes dans ma vie : un sentiment de ne vouloir rien faire, d’achever quelques projets restants, mais de manquer un fil conducteur qui m’animait d’un jour à l’autre. J’avais mis à côté presque l’ensemble de mes passe-temps au profit de mon projet d’immigration, mes études, un futur dans ce pays. Je crois que mentalement, j’aurais justifié l’effort avec les moments spontanés de joie et de plaisir que j’ai eu sur occasion. Comme la vie continuerait comme telle, dans une jeunesse éternelle. À ce moment, il n’y avait rien qui me poussait à vouloir se relancer dans ce que me m’animait dans mon adolescence. Cette tendance ne fut pas l’objet d’une correction, je continuais à poursuivre des objectifs superflus et sans grande signification. Il serait potentiellement plus juste de reconnaître que ma capacité d’inventer et associer une signification aux mouvements répétitifs de la vie est partie.

L’étude de japonais demeurait peut-être la seule chose qui donnait une structure dans la vie. En 2023, j’ai reconnu qu’il s’agissait d’un but assez superficiel, il n’y avait pas un besoin pour le faire, autre qu’il fallait, dans ma tête, définir quelque chose à faire. J’ai mis un an et demi pour étudier le plus fort que je pouvais, chaque jour après huit heures de travail. Lorsque j’ai voyagé au Japon il y a deux mois, j’ai réussi à communiquer avec des gens avec une certaine aisance, de tenir des conversations quotidiennes, de mener mon voyage sans le français ni l’anglais, alors qu’il y avait plusieurs choses qui m'échappaient dans mes échanges sur des topiques plus complexes. Je ressentais une certaine volonté de continuer—il est certain qu’il me reste un chemin énorme juste pour se prétendre comme compétente dans la langue—mais en même temps, peut-être en raison de posséder un niveau de base, ma visite au pays fut très ordinaire, il n’y avait rien qui me surprenait comme les années suivant mon déménagement dans mon pays actuel, je ne suis pas aussi motivée que ça. Je sais déjà que rien ne m'attend à la fin si je continue. Je continuerai. J’ai pas d’autres indices.

En rentrant de mon voyage, j’ai été confronté par mon emploi qui exige de plus en plus de moi, des heures supplémentaires, un niveau de concentration qui anéanti le peu d’énergie qui me reste. Je réussis plus à aller à la bibliothèque et de mettre cent pour cent sur les chimères que j’ai conjuré pour me distraire ; ils ne sont pas assez captivants, pas assez convaincants. J’ai essayé ce soir, j’ai failli tourner l’œil. Il est aussi certain que l’âge prendre le dessus sur moi—où est partie ma capacité de dormir sept heures, de me réveiller, embellie par une simple détermination de pousser pour rien ? Sisyphe aurait été fatigué après un million de répétitions.

Ce printemps, j’en ai eu assez, je me suis mis à une vie libertine et hédoniste pour essayer de ressentir quelque chose. J’ai ressenti que je ne fais que la nouveauté que je chassais été plutôt familier, comme le Japon. Ma fascination avec des relations charnelles animée par une perverse jalousie.

J’ai commencé à écrire à nouveau. Je songe à terminer un livre dans les prochains ans. Peut-être que finalement je pourrais donner naissance à quelque chose.

Je suis descendue à un niveau plus bas. Je me suis aperçu dans la réflexion d’un panneau à côté. Mon visage était tordu.


    I see no clouds at all