Quelques pensées printanières :

Bonjour à tous, j’espère que vous passez tous un excellent printemps. Typiquement je prendrai l’opportunité de commenter sur la tendance pour le Québec de ne pas avoir un vrai printemps, mais cette fois la météo est plus caractéristique de celle que j’ai connu quand je vivais dans un endroit avec un climat moins frénétique. Considérons cette soumission comme un mis-à-jour de ma vie dans la dernière année afin exorciser des pensées qui commencent à former un grand enchevêtrement dans mon esprit.

Plusieurs poursuites de ma vie sont en vue de tirer à leur fin. J’ai plus ou moins cessé de réellement étudier le français la dernière année au mois de septembre, suite à mon inscription dans un programme d’études qui est livrée complètement dans cette langue. Le français représente pour moi le projet de ma vie jusqu’à maintenant, avec environ deux ans d’étude formelle et quatre ans d’immersion dans la forme d’interaction quotidien avec les francophones et le média disponible en français. À ce stade, après un peu d’introspection, j’arrive à la conclusion qu’il n’y a aucune raison de continuer à étudier la langue, puisque je peux maintenant participer dans la vie quotidienne au Québec de façon très approfondie. Certes, je n’ai toujours pas une commande parfaite de la langue (particulièrement à l’écrit), mais je suis pas mal satisfaite avec mon niveau. Je n’ai jamais eu des intentions spécifiques quand j’ai commencé, mais je suppose que je cherchais probablement à atteindre un niveau de français très élevée. J’imagine que je pourrais probablement recevoir une note d’environ C1 si j’ai pris l’examen DALF aujourd’hui, mais je ressens aucune envie de faire travailler vers ceci.

Or, quand j’évalue mes intérêts en ce moment, j’éprouve aucun désir de complètement maîtriser la langue ; il y a vraiment rien qui m’intéresse quant à la culture francophone en ce moment, et je trouve ceci un peu lamentable. J’ai toujours essayé d’être honnête avec mes intentions pour apprendre le français—généralement, comme une moyenne de quitter mon pays de naissance et de s’immerger dans une autre culture—mais je dois admettre que des fois je regrette d’avoir dépensé autant de temps sur une habilité que j’utilise plus pour le loisir. Au secondaire, je m’amusais à lire plusieurs livres des grands auteurs de la France, et donc pour elle je suppose que cette habilité aurait été bien utile, mais ceci n’est plus vrai. Pour résumer, pour ce que concernent mes intérêts personnels, cette langue ne donne plus rien, car qu’est-ce que c’est une langue qu’une façon de communiquer et recevoir de l’information ?

Le paragraphe ci-haut peut paraître un peu négatif, et donc il faut surtout que je souligne la positive : Le vrai apport de mes efforts reste la possibilité de connecter avec ma communauté actuelle et de pouvoir créer une vie pour moi-même dans cette partie du monde. En effet, je suis tellement fière de ce que j’avais pu faire avec ma vie jusqu’à maintenant. Je suis aussi sur les bords de compléter un deuxième projet d’études, ce que était le dernier grand projet que j’ai prévu pour moi-même dans ma vie adulte. La liste des réussites s’agrandit : J’avais presque complété mon projet d’immigration, j’aurai bientôt un diplôme fait complètement dans ma langue adoptée, et j’ai pu construire un sens de communauté et d’appartenance que ma toujours échappait dans vie jusqu’à quitter ma ville de naissance. Franchement, je n’ai que quelques projets restants qui m’animent à vouloir se réveiller chaque jour.

Mais ces derniers jours, cet épanouissement se transforme dans une vague inquiétude. Voici une résume de ce que tourne sans arrêt dans ma tête récemment : À un moment donné—j’ignore quand—j’ai cessé de réellement vouloir créer quelque chose pour laisser dans le monde. Quand j’étais plus jeune et plus ignorant du monde autour de moi, j’avais d’une manière ou l’autre, une compulsion d’essayer des nouvelles choses, pour manier mon environnement afin de laisser une empreinte de mon sous-conscience dans l’espace qui m’entourait—ce que m’a donné un genre de soulagement d’esprit.

Pourtant, il me reste aucune motivation intérieure pour faire même une chose de productive—notez que j’emploie ce mot dans le sens de produire, d’externaliser, et non pour générer de la valeur, car le problème est tel que je n’ai pas essayé de laisser même une trace de ma vie dans les derniers trois années environ. L’ironie d’écrire ces pensées sous forme de rédaction publique ne m’échappe pas, mais le fait que la seule chose qui vient à l’esprit ces derniers temps c’est la résonance intérieure d’un sentiment de manque de volonté indique un peu où je suis mentalement. Il est tout à fait raisonnable que je ressens ce genre de sentiment pendant ce qu’est essentiellement un carrefour, mais toute au long de ma vie j’avais toujours quelque chose de nouveau qui me poussait à poursuivre au milieu de la monotonie que forme la plupart de nos vies. J’ai de plus en plus peur que cette volonté ne semble pas en voie de revenir. Qu’est-ce qu’on est censé faire quand on a atteint une certaine apogée dans la vie ? J’aurais peut-être un peu plus d’espoir si j’avais le sentiment que les choses peuvent devenir encore mieux, mais je ne suis pas convaincue.

Pour le moment, je ne peux qu’envisager quelques autres défis à surmonter. D’abord, je veux réellement continuer à poursuivre l’étude du japonais à un niveau semblable à ce que je possède en français en ce moment, ce que pourrait bien prendre le reste de ma vie sans une rigueur plus forte (j’aimerais en discuter plus de mes difficultés jusqu’à maintenant ; peut-être dans une autre entrée dans ce blog), et finalement le grec, car une grande partie de ma famille est grecque et j’ai un peu de honte que je ne parle pas la langue. À part cela, hors l’obtention de ce qu’est essentiel pour la vie, j’ai pas d’autres idées.

Notez par contre que ces buts sont complètement dépourvus de caractère créatif ; les langues ne sont que des codes pour exprimer la pensée humaine. Ceci revient au problème que j’ai mentionné tantôt : au mieux, dans mon état actuel je n’envisage que consommer ce que les autres font. J’ai passé une vie sans vouloir vraiment achever un œuvre comme expression personnelle, tout en me satisfaisant d’admirer les travaux des autres. Et la chose qui me perturbe le plus c’est que au lieu de ressentir une lacune profonde dans mon esprit à cause de ceci, c’est plutôt un sens de honte que tourne dans ma tête. Est-ce que je veux vraiment juste continuer à suivre une voie où je me contente d’être une observatrice ? Je ne sais pas.

Le printemps est souvent associé avec l’idée de renaissance, une nouvelle aube, mais je ressens plutôt que cette année, c’est marque par le sentiment de finition. J’espère qu’avant le milieu de ma trentaine, j’aurais une meilleure idée de quoi faire, ou au moins un soulagement de ce que je fais, et où cela va mener.